Printemps des Poètes

Aimer cette manifestation.

Ne serait-ce que pour ces deux mots: "printemps" et "poète".

Pour ce qu'ils évoquent de douceur,de rêve, de bon temps, de plaisir.

J'aborde la poésie comme je le fais avec toute forme d'art, avec mon coeur.

Plaisir des mots et des rythmes, plaisir d'une harmonie entre le texte et moi, même s'il n'a pas un sens évident.

Les filles, nous avons un privilège : celui de compter parmi nos amis proches un poète, un vrai de vrai, un qui a une plume, qui écrit des recueils entiers et qui les publie. 

J'aime ce beau poème de Jean-Claude Caër, lisez-le pour ce Printemps :

"La beauté du monde brûle la bordure de l'univers. J'éprouve toujours cette émotion au coeur de la nuit, quand je sors sur le seuil de la maison ou que j'ouvre la porte de la grange. Je vois le ciel étoilé - cette présence des astres - ce compagnonnage secret et mystérieux qui nous est si familier, si étrange. Alors nous restons là au coeur de ce qui est présence absolue de l'immensité. Nous sentons confusément que le ciel étoilé est aussi en nous le coeur obscur de notre destinée, cette toile de fond qui claque quand nous fermons les yeux et prenons les chemins tortueux, écartés du sommeil. La bête sommeille, la mer se gonfle, le sang afflue."

Ce poème est en accord parfait avec mes réflexions récentes sur notre place dans l'univers, à la suite de ma lecture du livre d'Hubert Reeves, c'est pourquoi je l'ai choisi. Il est extrait du recueil de Jean-Claude paru en 2005, intitulé "Sépulture du souffle", qui contient d'autres poèmes magnifiques et très touchants, en particulier sur la mort de son père.

Sortant de ma bibliothèque mes quelques livres de poésie, je me suis aperçue que je n'ai plus mon Anthologie de la poésie française par Georges Pompidou, qui m'a suivie depuis mes années collège jusqu'à il y a peu de temps.

Je ne sais plus si je l'ai donnée à Anaïs ou à Solène.

Celle de vous deux qui l'a, les filles, doit lui accorder du prix : c'est cette Anthologie qui m'a fait découvrir et aimer la poésie, et je l'ai consultée, lue et relue de nombreuses fois, et même jusqu'au bord des routes...

Avec un certain Christophe C., devenu plus tard mon premier mari, nous l'avions dans notre sac à dos, à la fin des 70', et nous nous lisions à voix haute des poèmes en faisant de l'auto-stop, quand les voitures tardaient un peu à s'arrêter pour nous prendre.