Comment résister au titre! Et à cette hypnotique photo de couverture!...
J'avoue...Je passe de longues minutes à la contempler!
Est-ce que j'ai mal compris les critiques?... Je croyais lire un roman d'amour-amitié à trois, deux garçons et une fille, à
la "Jules et Jim"...
Pas du tout!
C'est une lettre d'amour d'un homme à sa femme.
Et comme c'est un intello new-yorkais, il lui faut forcément 278 pages pour écrire une lettre!
C'est mélancolique, c'est confus au début juste ce qu'il faut pour avoir envie d'y revenir une fois qu'on est bien embarqué
dans l'histoire, c'est beau, c'est intello, c'est l'ambiance des campus américains des années 60-70...
Quelques coups du sort obligent ce couple amoureux à faire des choix qui nous interpellent tou(te)s...C'est sûrement le genre
d'histoire qu'on garde en mémoire longtemps après l'avoir lue.
L'extrait que je note aujourd'hui pour vous, les filles, c'est celui qui me libère un peu de cette pression de
croire que les parents sont responsables en tout du devenir de leurs enfants, même adultes:
"Nous sommes passés tard à table parce que la petite Julia Esterhazy ne voulait pas aller se coucher; nous n'avions pas
fini l'entrée qu'elle s'est mise à pleurer. Irene s'est levée pour aller la voir. Istvan lui a dit de se rasseoir. Les pleurs se sont transformés en cris. Istvan a de nouveau retenu Irene. Julia
devait apprendre, disait-il: si on ne lui montrait pas que bonne nuit veut dire bonne nuit, il serait de plus en plus difficile de la mettre au lit. Irene a débarrassé les assiettes et apporté le
plat principal. Julia a crié plus fort. Nous avons mangé conscienceusement pendant qu'elle hurlait comme une alarme de voiture que personne ne se soucie d'éteindre. Enfin, elle s'est tue. Irene
est allée jeter un coup d'oeil puis elle est revenue, le visage fermé. Julia s'était endormie contre les barreaux de son lit d'enfant, un bras pendant au-dehors.
"Elle avait l'air d'une prisonnière abattue alors qu'elle essayait de s'échapper, a dit Irene à Istvan. Je ne comprends
pas pourquoi tu es si cruel."
Istvan a répliqué qu'il n'était pas cruel de se montrer ferme. "Tu vas voir, la prochaine fois, ce sera plus
facile.
-Il n'y aura pas de prochaine fois", a dit Irene.
Les Miller sont intervenus et la conversation s'est engagée sur la façon d'élever les
enfants.[...]
-...S'ils pouvaient tous être un peu moins sérieux quand il s'agit de leurs enfants.
-Tu les préférerais désinvoltes et facétieux?
-Non, un peu plus humbles, simplement. Ce que les enfants sont ou font, une fois grands, ne dépend pas entièrement de
leurs parents.
-En tout cas, si Julia Esterhazy se met à détester son père en grandissant, tu sauras pourquoi.
-Les amours et les haines de Julia ne sont pas si prévisibles, ai-je dit. Les enfants ne se façonnent pas
comme ça. Ils naissent avec leur caractère, qu'ils ont hérité d'ancêtres que nous ne connaissons pas, et de bien plus loin. Les parents n'en sont que les gardiens. En un sens, tout
enfant est adopté. Il m'arrive de penser..."
Tu m'as interrompu."