Alain V. a eu la gentillesse de marcher dans les rues d'Alger, son appareil photo à la main, à la recherche de l'adresse
que je lui ai donnée...
C'est là, les filles...dans l'appartement du deuxième étage, c'est là que j'ai vécu quatre années flamboyantes de mon
enfance.
Question 1: Est-ce que ça a changé?
Réponse:
A cette époque, les volets n'étaient pas bleus, mais marrons.
Les palmiers qui bordaient tout le boulevard n'atteignaient pas encore le troisième étage, seulement le deuxième, juste à
hauteur de nos balcons.
Je n'ai aucun souvenir du magasin à droite de la porte d'entrée, mais à gauche, c'était un fleuriste dont les enfants
étaient en classe avec Fabienne et moi.
Sur la photo, on ne peut voir que quatre fenêtres de l'appartement mais il y en avait le double car il s'étendait en angle
tout le long du bâtiment.
N'oubliez pas que nous vivions là en famille, mes grands-parents, mes parents, ma soeur et moi!
Question 2: Pourquoi vous étiez tous à Alger, déjà?
Réponse:
Mon grand-père Paul, ingénieur météo, y était délégué des Nations-Unies, et mes parents, instits tous les deux, en contrat
de coopération.
Question 3: C'était comment, l'Algérie?
Réponse:
En juin et en septembre, c'était la plage tous les week-ends, et toute la journée! Avec le pique-nique, le barbecue et
même une petite tente où mon grand-père faisait la sieste.
Pendant l'hiver, nous allions en forêt, à la campagne, et souvent nous promener dans les ruines romaines de Tipasa, un
haut lieu des livres d'Albert Camus.
En juillet et août, c'était le retour en France, mais aux petites vacances scolaires, nous avons fait des voyages au
Sahara, en Tunisie et au Maroc.
C'était bien, l'Algérie, parce que c'était l'enfance, l'insouciance et les jeux.
Parce que c'était une enfance différente, avec des voyages, de l'exotisme et du soleil.
Parce que mon grand-père était une personne d'exception qui savait enchanter la vie.
Il parlait, il racontait des histoires, il blaguait, il aimait la rigolade, il avait des idées du genre "on va se promener
dans les rues et à chaque fois qu'on trouve une pâtisserie, on s'achète un gâteau!".
A Alger, j'étais une petite fille dont le bonheur était parfait.